samedi 10 mars 2012

Rester au paradis ou pas?

Je suis assis dans le carré, le grand salon du bateau, derrière la machine à coudre, vue sur une plage déserte en train de recoudre le bimini du bateau. Une heure plus tôt, pour diner, salade de comcombres, tomates, oignons avec pain fraichement sorti du four. Une pensée traverse mon esprit. Je continue à coudre, visiblement je suis ailleurs, la ligne de couture ressemble plus à un une onde pas très uniforme! Je suis sur un voilier, entouré de gens super intressants et c'est ça la vie.

Aujourd'hui, deux choses, je suis allé travailler et je suis allé en classe. Mon bureau, une machine à coudre, de la fenêtre de mon bureau, vue sur les cocotiers qui se font berser au rythme de la rafraichissante brise et le sable blanc qui cuit au soleil. Ma salle de classe, 3 mètres en dessous de l'eau, avec les poissons, les oursins de mers et quelques autres très intéressantes formes de vie marines.

Je suis sur un voilier avec 12 autres personnes, destination: paradis sur terre. Et si la vie c'était ça? C'est certainement le cas pour le premier assistant du bateau qui depuis 12 ans, travaille à titre d'instructeur de plongée, d'équipier et d'un peu de tout ce qui permet en bout de ligne de bien vivre pendant aussi longtemps. REER, probablement pas mais quand tu vis au paradis, c'est pas ta priorité!

Donc, assis devant la machine, je me pose la question. Faut-il un job, un plan de pension et tout le tralala. Je me retrouve devant une situation inconnue, encore une fois (sigh) mais cette fois-ci devant la marginalité. On grandi dans une société qui nous enseigne un moule, moule qui franchement a beaucoup de flexibilité mais qui véhicule une idée générale. Je parle ici de l'évolution de la personne dans la société. École, spécialisation, boulot, gamin, retraite. Bon, ne vous énervez pas les amis, de là, il y a beaucoup de variations. Certains ont des gamins avant de se spécialiser! Mais ici, c'est différent. Ta job, c'est de te lever le matin, aller plonger, naviguer ou visiter de nouveaux endroits. Ce qui est intéressant, c'est que certains sont capables de vivre de ça. Ça fait rever et c'est ça la marginalité. C'est de ne pas être dans ce moule. Ta maison c'est un bateau, ton terrain, partout où il y a de l'eau, ton job, ça reste à être déterminé.

Est-ce qu'à 24 ans, il est possible de trouver un bateau, l'arranger et naviguer? Pourquoi pas. J'ai pas l'intention d'attendre d'être mort pour faire ce genre de truc trop cool! Enfin, le rêve se cultive de jour en jour et c'est pas l'envie qui manque et du coup, le capitaine cultive lui aussi l'intérêt et apporte beaucoup de connaissances à ce sujet. À suivre.

Cependant, ça va plus loin. C'est bien beau faire le tour du monde à voile pendant 10 ans, vivre sur un bateau, être au paradis à tous les jours mais il y a la famille, les amis, la terre natale, là où l'on se sent confortable, heureux, à sa place. C'est dur aujourd'hui de croire qu'un jour je pourrais vivre aussi loin de tout ça. Comment vivre aussi loin de son environnement de confort?

Là est la vrai question. Il est possible de réaliser n'importe quel projet. Demain matin, je me lève, j'achète un bateau, je le paye avec des passagers, j'habite le bateau et je navigue les eaux de l'Asie du Sud-Est. Pas de problème ça va arriver. Cependant, suis-je capable de quitter pendant si longtemps le Canada, mes amis, mon milieu de travail que j'aimais si tant? Franchement je suis pas capable de répondre à la question. Je suis un peu devant un néant. Je voudrais bien être capable mais en même temps j'aime tellement ce que je faisais avant que je vois pas le besoin criant de le faire. Je comprends très bien pourquoi quelqu'un qui vient de se faire laver dans un divorce pénible, que les enfants sont avec l'autre conjoint, que cette personne soit à la retraire et qu'il y ait pas grand chose d'intéressant qui se passe à la maison veuille lever les voiles, mais pour moi, j'ai des amis extraordinaires, des parents qui me supportent, un milieu de travail trop motivant, un bar où j'adore y passer quelques soirées par semaine à siroter une bière et parler à tout le monde, particulièrement la très jolie serveuse!   

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire