dimanche 5 février 2012

Samedi vers nulle part

Le soleil se couche sur la Chine profonde, le train trace tranquillement le chemin au travers du désert de Gobi. À ma droite des dunes de sables impertupés par les éléments, quelques tristes manifactures qui n'ont pas tournés depuis probablement deux semaines maintenant, à ma gauche, des éoliennes à perte de vue qui ont perdu leur meilleur ami et quelques montagnes solitaires brulés par le frette. Le mouvement du train me berce et je me dirige encore une fois vers l'inconnu. C'est samedi le 4 février, destination espérée: Pékin. Il faudra espérer fort qu'une place soit libre pour un voyageur sans destination connu. Je parcours du terrain mais c'est samedi le 4 février et encore une fois je fais confiance au destin pour m'amener à bon port. Que se passe-t-il aujourd'hui? Rien d'extraordinaire, pour être franc, presque rien. Cependant, ça fait 15 jours que je voyage avec comme obstacle une barrière linguistique et culturel. Les kilomêtres parcourus sur le train sont moments de réflexion. Seul avec autour de moi 150 âmes avec qui la communication se résume à un sourire, un hello et un autre sourire. Tant de monde, si peu de communications. Pour ceux qui ne le savent pas, je travaillais dans une boîte de communication avec de tout quitter pour aller découvrir le monde. Aujourd'hui, j'apprends à connaître les limites de ma solitude et je réapprends à communiquer. Six ans de métier à apprendre comment on "parle" aux gences et rien de ça me sert aujourd'hui. J'ai au cours des ces six dernières années regarder les artisans des mots débattre l'utilisation d'un mot dans un texte de 1 minutes 20 secondes pour aujourd'hui ne même pas pouvoir utiliser ma langue. Comme quoi, des cours de théâtre sont jamais perdu! Voyager en Amériqe du sud, devant la situation aujourd'hui, fut tellement plus facile. Ils utilisent le même alphabet! Sérieux quelle différence. Pas obligé de comprendre mais au moins il est plus facile de retenir des mots, des phrases clefs ou des noms de rues. Comment suis-je suposé faire la diffrence entre : 硬座 et 硬卧 Surtout quand il y en a environ 8000... École de communication version 2.0

Quand à la solitude, l'activité du jour, réussir à poster un paquet pour le Canada. J'y ai quand même mis une heure avec des dessins, une calculatrice, un appel vers son amie qui parle un peu d'anglais et beaucoup de mimes. Et bien sur, prendre le train. Sans obligations, le temps en voyage devient quelque peu surperficiel et du coup, laisse place à des vides qui peuvent être des journées entière. C'est ainsi que j'apprends aussi tranquillement à combler la solitude. De retour à la maison, j'étais jamais seul. Je travaillais, j'allais prendre une (plusieurs) bière avec les potes, je faisais du vélo, j'écoutais la télévision qui en passant est certainement le meilleur ami du solitaire car, avec, maintenant, plus de 100 postes, rares sont les occasions où il n'y a rien de pseudo intéressant pour occuper une journée complète si le besoin se présente. Cependant, en voyage, j'ai pas de télé, j'ai pas mon vélo, les amis faut à tous les jours les trouvés. Heureusement entre voyageurs, ça se sait et donc c'est pas dur de créer des liens pour une heure, une journée, une semaines. Mais quand une épiphanie t'arrive en pleine face et que je décide de me rendre dans le désert de Gobi en plein hiver pour aller voir la route de soie. Faut prendre en compte que comme les caravaniers de la route de soie, les jours à n'y voir personne, c'est sensiblement à tous les jours. J'étais tellement content d'aller voir l'ouest de la Chine que j'ai pas pris en compte cette donnée, ma foi, plutôt importante. Ça fait 72 heures que j'ai pas parlé à personne outre mon journal et, vive l'Internet, mes parents et Martin via Skype, mais ça c'est juste 1h. Donc, 71 heures à être seul. Que faire de tout ce temps. Soudainement manquer de temps pour tout voir devient, j'ai trop de temps pour rien voir! Comment expliquer: c'est simple. L'être humain est un mamifère de meute, gang, famille, appelez le comme vous voulez mais la stimulation du cerveau passe tout d'abord par être en mesure de communiquer, partager, etc. Bon c'est résumé à sa plus simple expression mais vous aurez compris l'idée général. Donc, pour revenir au principe de tout voir en peu de temps et rien voir en trop de temps s'explique de la manière suivante. Si je fais le breakdown de 24 heures seul ou pas, ça va comme suit:

Seul: - lever le matin. plutôt rapide. J'ai juste besoin de me lever, m'habiller et ramasser mon sac. À quoi bon glander dans la chambre
         - Déjeuner. Deux toasts 5-10 minutes pas plus. Dans le cas de la Chine. Soupe de nouille
         - Visite d'un site. Quelques photos. Assez rapide, je vois pas la raison de rester plus longtemps, j'ai vu ce qu'il y avait à voir.
         - Diner. Il est trop tôt mais que faire d'autre. Bouffe de rue. Le temps de l'acheter et le manger 10 minutes. Si c'est trop chaud 15 minutes.
         - Marche dans la ville. Je marche plutôt vite alors ça va quand même assez vite. Cependant pour me ralentir je prends une éternité à cadrer mes photos
         - L'heure de souper déjà? Bon je vais aller faire une sieste à la place
         - Bon c'est l'heure de souper. Même principe que le diner
         - Que faire de ma soirée?
         - Dodo

En groupe: - Lever le matin, y'en a toujours un qui glande alors je discute avec les autres
                   - Déjeuner. On s'asseoit, on jase, prend un café.
                   - Shit, faudrait se bouger car sinon on aura pas le temps d'aller visiter le site
                   - Sur le site, on regarde, on commente, on prend des photos, d'autres photos sur l'appareil de l'autre, trouve qqn qui veut faire une photo de groupe sur les 5 appareils.
                   - On s'asseoit au site pour une collation parce qu'il est tard déjà. On mange une collation pour pouvoir souper tôt ou un gros diner tard. Bon on sait pas alors on en discute, plans pour la soirée. Bon diner.
                   - Retour à l'auberge pour une douche.
                   - Marche dans la ville vers l'heure du souper. Bouffe de rue pour chacun à différents stands. On marche pas trop vite, d'autres photos ensemble, chacun s'arrête à quelque part.
                   - Déjà le soleil est couché. Faudrait penser à souper. Retour à l'auberge pour déposer nos sacs. Bon à l'auberge y'a un Happy hour. Ça va mal parce qu'il FAUT en profiter.
                  - Où est-ce qu'on mange. Bon ça va être long décider
                  - Finalement on mange, retour à l'auberge pour prendre d'autres bières
                  - Déjà une heure du matin. Fuck la nuit va être courte.
                  - Y'a un club vraiment cool en ville. On y va? Wow, ça va être rough demain.
                  - Le soleil se lève à l'horizon.
                  - Un Kebab, deux tylenols, 3 verres d'eau. 1-2-3, c'est facile à se souvenir même en fin de nuit.
                  - Et on recommence demain!

Donc, ai-je besoin de vous dire que voyager en groupe c'est beaucoup plus intéressant pour de multiples raisons. Bon c'est certain que de nature, j'essaye de toujours tourner les situations de manières positives et encore une fois, les 72 heures de solitudes et le reste à venir sont et seront très formatrices sur comment je suis en mesure de travailler main dans la main avec moi-même mais ça reste beaucoup de travail.

Comme je l'ai peut-être écrit. Un français que j'avais rencontré à Puerto Princesa m'avait dit. Tu pourrais bien voyager en Afghannistan, si le monde avec qui tu es son cool et intéressant, ton voyage le sera autant!

Dans mes oreilles:

- Spirit 
  Juan Diaz & Jorge Montia
  Pacha Ibiza

- Shake me like a monkey
  Dave Matthews Band
  Big Whiskey & The GrooGrux King

- Sénégal Fast Food
  Amadou & Mariam
  Dimanche à Bamako

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